Interview
Jean-Marc Thiriet

Nous souhaitons que la RSE soit présente en toile de fond dans toutes les actions que nous aurons à mettre en œuvre, qu’elles soient pédagogiques, logistiques ou encore patrimoniales pour tous les publics : personnels, étudiants, prestataires. L’objectif est que chacun, en tant qu’individu responsable, puisse effectuer des choix.

Jean-Marc Thiriet

Date de l'entrevue : 07/03/2023

Entreprise : EUT

Pouvez-vous vous présenter et expliquer votre rôle dans la démarche RSE engagée par l’université ?

En premier lieu, il me semble nécessaire de préciser que dans le cadre de la démarche mise en œuvre par l’université UGA (Université Grenoble Alpes), le terme RSE (Responsabilité Sociétale et Environnementale) intègre une dimension environnementale, lui donnant un sens un peu différent de celui généralement utilisé par les entreprises.

À ce titre, les universités peuvent obtenir le label DDRS, pour développement durable et responsabilité sociétale, de plus en plus pris en compte dans les classements internationaux des universités.

Depuis 2020, l’UGA a souhaité, par le biais de son statut d’établissement public expérimental, se doter d’une vice-présidence RSE, composée des représentants de chaque établissement ou composante académique. L’EUT (École Universitaire de Technologie) est une des composantes académiques de l’UGA, fédérant les deux IUT de Grenoble et celui de Valence. C’est dans ce cadre qu’il m’a été proposé d’assurer la fonction de Directeur adjoint en charge du développement RSE de l’EUT. Mon rôle comprend à la fois une participation active à la Vice-Présidence collégiale de l’UGA où j’y représente l’EUT et une implication et animation au sein de l’EUT.

Aujourd'hui, on entend beaucoup parler de « RSE » et de « développement durable » mais le discours reste parfois flou pour certains. Que signifie s'engager dans la RSE selon vous ?

Je parle ici de l’engagement RSE au niveau institutionnel. L’EUT, dans le cadre de l’UGA, doit mettre en place une politique qui s’inscrit à deux niveaux.

Le premier niveau concerne la sensibilisation et la formation. 

Cet engagement s’inscrit en premier lieu dans une démarche citoyenne, pour sensibiliser les étudiants aux transitions futures, en les initiant aux problématiques d’évolution du climat, de la transition énergétique, de la biodiversité. Dans un second temps, dans une démarche professionnalisante en faisant évoluer leurs compétences dans le cadre de la formation des nouveaux programmes de BUT (Bachelor universitaire de technologie). 

Ces deux démarches sont concomitantes et indispensables. Les quinze spécialités portées par les IUT (pour 20 Départements) doivent s’adapter aux nouveaux besoins des entreprises qui évoluent en regard notamment de l’évolution réglementaire en termes de RSE. Elles doivent également veiller à rester attractives auprès des jeunes qui sont de plus en plus sensibles aux problématiques environnementales et sociétales. Certains jeunes commencent à être réticents à s’engager dans une formation qui ne leur garantit pas des compétences en lien avec cette démarche RSE. Il faut par conséquent être vigilant à l’image polluante, archaïque et pas du tout adaptée au monde que nous avons à construire demain, que nous pourrions donner… 

Le second niveau concerne l’EUT et l’UGA en tant qu’institution : comme toute institution, elle se doit de respecter la réglementation et le plan climat. Par exemple, en lien avec les collectivités locales, nous devons développer une politique de mobilité pour l’ensemble des usagers, une politique de sensibilisation et de formation des personnels à ces enjeux, s’engager dans une politique de prévention énergétique par exemple au niveau patrimonial…

Comment se positionne l’université sur ces sujets et plus particulièrement les IUT ?

Finalement, en tant que service public, l’Université doit se soumettre à ses devoirs légaux, ce qui peut se traduire par la mise en œuvre d’actions concrètes visant à diminuer son impact carbone afin de répondre au nouveau plan climat entré en vigueur dernièrement. Il est aussi de sa responsabilité de faire évoluer les programmes dans le cadre de la nouvelle réforme du diplôme, qui intègre dans les contenus et les intitulés des formations cette démarche de durabilité. 

C’est ainsi que le département Génie Civil, anciennement GC, a intégré la notion de Construction Durable, devenant GCCD, ou plus récemment le département Génie Thermique et Energie GTE est devenu MT2E, soit Métier de la Transition et de l’Efficacité Énergétique, pour ne citer que ces deux exemples.  Cela montre bien que l’EUT se pose les bonnes questions en adaptant les contenus et les manières d’enseigner, afin de s’adapter aux évolutions de notre société. 

Pensez-vous que les notions de RSE et de pédagogie seront indissociables ?

Oui, c’est le rôle de l’université dans sa dimension pédagogique et sa démarche scientifique de transmettre le savoir et susciter des comportements citoyens et responsables aux générations futures, afin de les préparer aux métiers et aux responsabilités qu’ils auront à assumer.

C’est un enjeu majeur de la démarche RSE et c’est la responsabilité de l’EUT (des IUT) de préparer les jeunes, en les dotant des outils pour penser et agir pour leur avenir et plus largement celui de la société.

Pouvez-vous nous donner des exemples d’actions mises en œuvre ?

Une des premières actions concrètes que les équipes d’enseignants ont initiées, a été dans le cadre de la réforme du BUT, d’intégrer dans les SAE (Situation d’Apprentissage et d’Évaluation), ces projets étudiants qui favorisent le travail en équipe, des sujets traitant de problématiques environnementales. Une autre démarche mise en œuvre est de proposer des actions de sensibilisation autour notamment de fresques du climat et du numérique ; un certain nombre d’enseignants s’y sont formés.

Nous avons également initié des actions évènementielles, telle que la journée RSE dont la deuxième édition aura lieu le 16 mars. Cette Journée a principalement pour objectif de rendre visible les différentes actions mises en œuvre dans les Départements, afin de permettre d’échanger les meilleures pratiques et de partager autour des besoins de la RSE pour que chacun puisse se l’approprier. Elle doit devenir un élément naturellement pris en compte par tout un chacun.e dans les actions, dans la vie courante comme dans les activités d’enseignement et de recherche. 

Nous allons proposer aux étudiants qui s’y sont inscrits d’utiliser des outils dédiés, comme la fresque du Numérique, la fresque de la bio-diversité, des ateliers de couture 0 déchet, un Atelier LowTech… 

D’autres actions plus engagées ont été initiées par des départements ou les BDE (Bureau des Étudiants), telle que des CleanWalk qui favorisent la collecte ou le ramassage de déchets, permettant d’agir concrètement contre le fléau des décharges sauvages.

Certains Départements organisent une semaine d’intégration au début de l’année universitaire. Ils profitent de ce temps pour sensibiliser les nouveaux étudiants aux enjeux environnementaux et sociétaux qu’ils devront relever dans leur futur professionnel.

Quel est le plus grand défi en termes de RSE que l’université devra relever ?

Le premier est éducatif : donner accès aux outils du savoir, de façon à former des futurs professionnels et des citoyens responsables et capables de comprendre, de décider et d’agir en ayant pleinement conscience des enjeux de l’entreprise et de la société en général.

Le second défi sera de faire en sorte que notre université devienne une institution vertueuse et exemplaire dans tous les aspects de la RSE, tant dans la dimension énergétique, que sociale ou environnementale.

Quels sont les prochains objectifs que vous vous fixez dans votre mission ?

Nous avons commencé à réfléchir à un schéma directeur pour l’EUT, qui va s’inscrire dans celui de l’UGA, et qui va permettre de prioriser concrètement des moyens et des actions nécessaires à son accomplissement. Le lien avec les entreprises, notamment via les stages et les alternances, aura toute sa place dans cette réflexion.

Nous souhaitons que la RSE soit présente en toile de fond dans toutes les actions que nous aurons à mettre en œuvre, qu’elles soient pédagogiques, logistiques ou encore patrimoniales pour tous les publics : personnels, étudiants, prestataires. L’objectif est que chacun, en tant qu’individu responsable, puisse effectuer des choix.

Richard Compte