Interview
Baptiste PLOQUIN

Mon conseil aux étudiants, sera de ne pas hésiter. Tentez, associez-vous, ratez, apprenez de vos erreurs et recommencez.

Baptiste PLOQUIN

Date de l'entrevue : 11/05/2021

Entreprise : Finoptim

Dans un premier temps, je vous propose de vous présenter, de nous parler de votre parcours et de l’histoire de FINOPTIM.

Je m’appelle Baptiste Ploquin, j’ai 34 ans et suis l’un des deux co-fondateurs de FINOPTIM. J’ai fait un IUT à Angers, d’où je suis originaire.
À la suite de ces deux premières années universitaires, je suis parti un an en Écosse pour perfectionner mon anglais, dans le cadre d’un diplôme d’universitaire d’études technologiques internationales, avant de venir en France pour poursuivre mes études avec un master « management de l’entreprenariat et de l’innovation » à IAE à Grenoble.

C’est en 2011, dans le cadre d’un projet étudiant, que j’ai rencontré David qui allait devenir mon associé dans cette aventure, grâce au soutien et à la volonté d’enseignants de l’IAE, de l’INP. C’est de ce projet de fin d’étude basé sur une création d’entreprise et qui n’avait d’autre objectif que de finaliser notre cursus universitaire, qu’est né FINOPTIM en septembre 2013.

Nous avons commencé l’aventure à deux, David ayant un parcours en génie thermique et moi un parcours commercial et marketing. Notre objectif était alors de proposer un process technologique permettant d’améliorer le rendement des cheminées à foyers ouverts.

Les premiers produits sont vendus en novembre 2013 et aujourd’hui après un parcours motivant, mais également semé d’embuches, nous sommes dix, l’entreprise est rentable, elle devrait réaliser cette année un chiffre d’affaires de 1,4 M€.

Nous distribuons en BtoB nos produits sur tout le territoire, mais également en Belgique, en Suisse, en Italie et au Portugal. Notre catalogue s’est étoffé et nous proposons une gamme de chauffages d’intérieur et une deuxième de planchas braseros outdoor, grâce à laquelle nous nous sommes diversifiés.

La crise sanitaire ayant limité leurs activités, les consommateurs en ont profité pour s’équiper et investir dans leur habitat, ce qui nous a permis de réaliser une croissance de 130% sur la période précédente et les perspectives à venir semblent confirmer la tendance.

C’est aussi la reconnaissance de notre stratégie initiale, d’investir dans la qualité des produits et du savoir-faire, mais également dans le « fabriqué en France » avec notre atelier de production locale, et enfin dans le développement durable, puisque nous favorisons d’approvisionnement des matières premières en circuit court.

Il y a Huit ans, nous étions en avance avec nos idées, aujourd’hui cela prend tout son sens au regard des nouveaux comportements de consommation, mais cela nous a également permis de ne pas avoir à souffrir de problèmes de production durant ces derniers mois de restrictions.

Votre parcours universitaire semble avoir été un atout dans votre démarche entrepreneuriale. Quels conseils donneriez-vous aux étudiants qui souhaitent se lancer dans la création d’entreprise ?

J’interviens régulièrement à l’IAE et je dis fréquemment aux étudiants que je rencontre, que ce ne sont pas les années et l’expérience qui font un bon entrepreneur et un bon chef d’entreprise, l’idée qui consisterai à dire, je vais, au sortir de mes études, opter pour une première expérience de 4 ou 5 ans en entreprise avant de m’engager pour créer ma boite, est une illusion.

Si on a une idée, il ne faut pas attendre, même si on est qu’en IUT, que l’on a que 20 ans, et peu de moyens. Bien sûr, il ne faut pas prendre des risques inconsidérés, savoir faire preuve de prudence et ne pas mettre ses œufs dans le même panier.

Mais pour autant, il y a peu de risque lorsque l’on est étudiant de lancer une entreprise, parce qu’en partant avec peu, on ne peut que s’enrichir, contrairement au risque de quitter un poste avec une rémunération plus confortable à laquelle on s’est habitué…

Alors mon conseil aux étudiants, sera de ne pas hésiter. Tentez, associez-vous, ratez, apprenez de vos erreurs et recommencez.

L’emploi des jeunes n’est pas au beau fixe depuis quelques mois, face à cela le Gouvernement rivalise de stratégies afin de conserver les avantages et les atouts du contrat d’alternance. Cet assouplissement des modalités du contrat d’alternance a-t-il été une opportunité pour l’entreprise que vous co-dirigez ?

Nous avons eu à plusieurs reprises, l’occasion de prendre des alternants en IUT, mais cela reste complexe dans une petite entreprise, où l’étudiant fait partie intégrante de l’équipe, de s’adapter au rythme de l’alternance et faire coïncider le calendrier de l’entreprise à celui de l’école. Néanmoins, je suis convaincu que l’alternance est une vraie chance pour les entreprises comme pour les étudiants.

Les aides incitatives peuvent pousser une entreprise à s’engager avec un jeune en alternance, mais elle doit avant tout s’assurer que son besoin est réel et qu’elle saura réellement apporter à l’étudiant, en lui confiant une mission dans laquelle il pourra s’investir et prendre du plaisir dans l’apprentissage de sa fonction.

Par ailleurs, ce ne sont pas les aides qui doivent susciter l’engagement des entreprises, mais plutôt la simplification des procédures administratives, pour les encourager à former des étudiants en alternance. Car aujourd’hui il est plus facile d’aller chercher un client, qu’une subvention de quelque nature qu’elle soit…

La crise sanitaire que nous traversons a obligé les entreprises à s’adapter aux comportements des clients, accélérant pour un grand nombre leur développement numérique. Comment FINOPTIM s’est-elle adaptée à cette demande et avez-vous adopté et mis en place de nouveaux outils ?

Cette période pour le moins complexe nous a poussé à adapter notre offre et ajuster notre cible. Initialement nos clients sont des distributeurs de systèmes de chauffages au bois.

Ces derniers entant considérés comme des commerces non essentiels, ils ont été amenés à fermer durant les trois périodes de confinement, dont celle de novembre, qui est pour nous, une période de forte activité, mais également pour la troisième fois au printemps.

Pour faire face à cette situation, nous avons très rapidement pris la décision de nous adresser au client final avec une offre adaptée. Pour cela, nous avons fait évoluer notre site internet, pour que les consommateurs comprennent mieux encore, notre offre, et nous avons dédié une hotline pour répondre à leurs questionnements et assurer le meilleur suivi de leur projet.

Nous avons pris conscience que cette démarche « artisanale » avait des limites et que nous devions investir dans des outils performants pour optimiser cette stratégie de communication et de suivi commercial, à laquelle les clients ont été habitués avec des sites marchands ou market place telle qu’Amazon. Nous devons tirer le meilleur parti de nos points forts et nous assurer que l’écoute et la satisfaction client reste au centre de notre stratégie de développement, tout en optimisant nos ressources.

Aujourd’hui le fonctionnement en réseau est essentiel au développement de la notoriété des entreprises, faciliter la mise en relation et les échanges entre Dirigeants et Managers, trouver des réponses aux problèmes auxquelles elles sont confrontées. Quelles démarches réseau avez-vous engagé chez Finoptim ?

Dès la création de l’entreprise, nous avons cherché à nous entourer de personnes compétentes pouvant nous aider, et à fréquenter des réseaux tels que Pépite OZER, ou le réseau Entreprendre que nous côtoyons régulièrement depuis huit ans. L’entrepreneur pouvant facilement se retrouver seul face à ses difficultés, s’isoler et perdre pied, nous avons pris conscience de l’importance des réseaux professionnels.

Cet engagement réseau étant chronophage et nécessitant de trouver un équilibre entre vie pro, vie perso et vie réseau, notre démarche s’est aussi axée autour du plaisir que nous procurent ces échanges. Et c’est la raison pour laquelle nous n’avons pas souhaité nous investir dans des réseaux business comme il en existe.

Depuis 3 ans, nous avons rejoint le club APM, qui regroupe des chefs d’entreprises qui échangent sur leurs bonnes pratiques et ce, Quelles que soient les tailles des entreprises représentées.

Le Club Entreprises de Grenoble fait partie de ces organisations institutionnelles qui permettent d’apporter des réponses et susciter le partage entre entrepreneurs et managers.

Propos recueillis par Richard Compte.