Interview
Jérémie LEYVA

On entend souvent dire que les nouvelles générations n’ont pas envie de travailler, de s’engager. Chez Altitude construction, nous constatons plutôt l’inverse, les jeunes ont envie de s’investir dans l’entreprise, c’est à nous à les accompagner et leur donner les moyens de réussir.

Jérémie LEYVA

Date de l'entrevue : 17/03/2022

Entreprise : Altitude Construction

Dans un premier temps, je vous propose de vous présenter, de nous parler de votre parcours et de l’histoire d’ALTITUDE CONSTRUCTION.

Altitude construction a été créée en 2014, par Charles EVRARD mon associé et moi-même. Nous sommes issus de deux parcours différents, mais complémentaires, Celui de Charles étant plus opérationnel et expérientiel, quant à moi j’ai un profil plus universitaire, ayant fait un DUT génie Civil, suivi d’une maitrise d’ingénieur en IUP, que j’ai complété par un master aménagement de montagne.

Après quelques expériences dans de grandes entreprises telles que GTS qui appartient au groupe NGE, spécialisé notamment dans les travaux d’accès difficiles, je me suis associé afin de créer Altitude construction à Sallanches, en Haute-Savoie.

L’entreprise découle d’une volonté de changement pour retrouver un environnement de travail à taille humaine qui nous a fait défaut dans nos expériences respectives et mettre en place un management « positif ». Aujourd’hui nous sommes dix permanents, et notre activité étant saisonnière, nous montons jusqu’à 30 collaborateurs entre avril et décembre qui représente la période de forte activité.

L’entreprise réalise un peu plus de 8 millions d’euros de chiffres d’affaires qui se répartissent sur deux secteurs. Les travaux contre les risques naturels tels que des chutes de Blocs rocheux, paravalanche, glissement de terrain, pour lesquels nous intervenons en falaises pour le compte de clients tels que les collectivités locales, les exploitants d’autoroutes ou bien encore EDF, représentent les 2/3 de notre chiffre d’affaires.

Le deuxième secteur d’activité est moins technique que le premier qui nécessite notamment des compétences d’artificier, mais plus en lien avec des environnements de Haute montagne et notre capacité à savoir réaliser des travaux d’altitude aux accès difficiles et à nous acclimater dans des milieux où l’oxygène se fait plus rare, comme nos derniers chantiers sur l’aiguille du midi, les grands Montets ou bien encore dans la vallée du Mont Blanc.

Votre parcours universitaire semble avoir été un atout dans votre démarche entrepreneuriale. Quels conseils donneriez-vous aux étudiants qui souhaitent se lancer dans la création d’entreprise ?

Mon parcours universitaire et pluridisciplinaire a été très important dans cette démarche entrepreneuriale, notamment sur des activités telles que la gestion ou la comptabilité qui nous paraissent rébarbatives lorsque l’on est étudiants, mais qui s’avèrent très utiles, voir déterminantes lorsque l’on dirige une entreprise, et que l’on monte un business plan, un budget prévisionnel, lire un bilan ou que l’on souhaite adresser un marché public.

Donc s’il y a bien un conseil que je donnerai aux étudiants de l’IUT, c’est de s’intéresser à toutes les matières qui leur sont enseignées.

L’emploi des jeunes n’est pas au beau fixe, et paradoxalement, il s’avère aujourd’hui de plus en plus complexe de recruter et face à ce constat qui semble être unanimement partagé par les entreprises, quelle stratégie avez-vous mis en place pour recruter compte tenu des spécificités de votre activité ?

On entend souvent dire que les nouvelles générations n’ont pas envie de travailler, de s’engager. Chez Altitude construction, nous constatons plutôt l’inverse, les jeunes ont envie de s’investir dans l’entreprise, c’est à nous à les accompagner et leur donner les moyens de réussir.

Ce qui nous distingue et nous rend peut-être particuliers par rapport aux autres entreprises de ce secteur, c’est la nature des travaux que nous réalisons, comme des lieux dans lesquels nous intervenons ou encore la diversité des chantiers que nous traitons. Cela nous rend certainement plus attractifs.

De plus, nous avons construit la culture de l’entreprise autour des valeurs humaines fortes, pour les transmettre à nos équipes, tout en nous efforçant de les faire vivre au quotidien avec un management qui tente de s’affranchir des codes habituels en étant le plus participatif et « horizontal » possible.

Nous avons chacun nos compétences, nos expériences, nos capacités, mais au-delà de la relation contractuelle, ce qui nous lie, c’est notre engagement et la dynamique d’équipe. Les possibilités d’évolution sont également moins contraintes par la taille de l’entreprise et sa relative jeunesse dans ce secteur d’activité.

Altitude construction qui a 8 ans, a assis sa pérennité sur son savoir-faire spécifique, c’est aussi une périodicité ou l’on cherche à écrire la suite, Quels sont les axes de développement ou de certification, vers lesquels vous projetez l’entreprise pour les prochaines années ?

Nous souhaitons amener toujours plus de confort, de sécurité et de qualité sur l’outil de production, pour plus d’efficacité, d’efficience et de fait plus d’attractivité auprès des clients.

Notre volonté est d’inscrire l’entreprise dans une démarche de certification « qualité Sécurité environnement » système MASE afin de pouvoir répondre à des besoins spécifiques sur des chantiers industriels et des clients tels que EDF.

Cette démarche qui s’inscrit dans une amélioration continue de notre savoir-faire, ainsi qu’un engagement environnemental et social, va nous permettre de faire connaitre l’entreprise auprès de clients qui ne nous connaissent pas encore.

C’est aussi une image forte que l’on envoie à nos salariés, en montrant que l’entreprise s’intéresse tout particulièrement à leur santé et à leur sécurité, accentuant par la même le niveau d’engagement de chacun.

La crise sanitaire que nous traversons a obligé les entreprises à s’adapter aux changements de comportements des clients professionnels, accélérant pour un grand nombre leur développement numérique. Comment ALTITUDE CONSTRUCTION a t-elle été soumise à ces contraintes et comment s’est-elle adaptée à cette demande et avez-vous adopté de nouveaux outils commerciaux ?

L’entreprise utilisait déjà les outils numériques, la situation sanitaire n’a fait que légitimer le parti-pris numérique que nous avions choisi, nous avons généralisé l’usage des outils de visio-conférence et développé les formations en e-learning.

Aujourd’hui le fonctionnement en réseau est essentiel au développement de la notoriété des entreprises, pour faciliter la mise en relation et les échanges entre Dirigeants et Managers, pour apporter des réponses aux problèmes auxquelles elles sont confrontées. Qu’attendez-vous de votre adhésion au Club entreprises et quelle(s) autres(s) démarche(s) réseau avez-vous déjà engagé ?

Nous sommes fréquemment confrontés à une problématique de recrutement de chefs de chantiers, avec des profils universitaires et plus précisément issus de l’IUT Génie Civil. Le club peut nous permettre de communiquer auprès des étudiants avec des compétences universitaires à qui nous pouvons apporter notre expertise et qui seront peut-être les futurs collaborateurs de l’entreprise.

Bien que nous soyons adhérents dans d’autres réseaux tels que la fédération du BTP, qui nous accompagne sur des aspects juridiques, ou bien encore le SFETH, le syndicat des professionnels des travaux sur cordes, qui nous procure des informations règlementaires en lien avec notre spécificité, le Club Entreprises de Grenoble peut nous offrir l’opportunité de rencontrer d’autres entreprises et partager nos questionnements entre pairs.

 

Richard Compte