Interview
Patrice PONTAROLLO

Nous avons la chance à Grenoble d’avoir un IUT, en phase avec notre activité et qui préparent des étudiants à bac +3, avec un niveau de compétence qui se démarque des autres établissements pédagogiques. Nous avons pris l’habitude d’accueillir des stagiaires et des alternants qui en général nous donnent satisfaction.

Patrice PONTAROLLO

Date de l'entrevue : 24/10/2023

Entreprise : ATN Groupe

Dans un premier temps, je vous propose de nous présenter l’histoire de d’ATN Groupe.

J’ai fondé le groupe ATN en 1997, juste avant la première vague de l’internet, dès sa création, j’ai souhaité le positionner sur la communication des entreprises, en proposant des solutions de communication réseau à distance. À l’arrivée d’internet, nous avons fait évoluer cette offre vers des solutions d’accès et de sécurité. Il faut se rappeler qu’à l’époque les technologies des routeurs et des firewalls permettant le partage et la sécurisation d’accès étaient très innovants.

Lors de cette première phase de développement, j’ai commencé à entretenir des relations avec France Télécom, qui était à cette époque, un des principaux acteurs de télécom, ainsi qu’avec Oléane premier opérateur internet, ces collaborations m’ont permis de me positionner comme un expert consultant de ces nouvelles technologies.

L’objectif que je m’étais fixé était d’être l’interlocuteur de proximité pour les entreprises de la région, afin de leur apporter, de bout en bout, les solutions ad hoc en termes d’infrastructures informatiques, et c’est grâce à cette stratégie que s’est construit et développé la société.

Parmi les grandes étapes qui ont jalonné l’histoire de notre société, l’arrivée du serveur et de la messagerie nous a permis de tisser des relations avec Microsoft, un acteur majeur de ce marché, en développant une série de services et de ressources dédiées aux entreprises, telle que la virtualisation des serveurs pour laquelle nous avons créé notre propre data center afin d’héberger les sauvegardes de nos clients.

C’est à ce moment que j’ai souhaité structurer la société en différentes entités, afin de répondre plus efficacement aux attentes du marché, grâce à nos solutions d’hébergement, de store et de consulting. ATN avec sa ligne de services, d’ingénierie, de mise en œuvre et d’assistance aux entreprises, restant le pivot projet du groupe.

Concernant l’assistance technique, nous avons développé une typologie de services avec une offre classique, un plateau technique, des services managés et une délégation de personnel, avec comme ligne directrice, la volonté de surfer sur les innovations technologiques, de se les approprier au travers de labels et certifications et de proposer avec « ATN factory », des solutions packagées, prêtes à l’emploi pour des clients en infrastructure classique, ou bien hybride, qui s’accompagne d’une démarche collaborative.

ATN s’est également engagé dans une démarche Green, qui passe par le recyclage, l’offre de matériels reconditionnés et des investissements dans des infrastructures durables et plus économes.

Nos clients sont majoritairement des belles PME, mais nous travaillons également avec des ETI et certains grands comptes issus de différents secteurs d’activité qui nous font confiance.

Pour finir, ATN c’est une vingtaine de collaborateurs engagés dans une démarche innovante et collective.

ATN a bâti sa notoriété grâce à son savoir-faire sur le marché du Cloud et de la cybersécurité. Quels sont les axes de développement vers lesquels vous projetez l’entreprise pour les prochaines années ?

Ma stratégie aujourd’hui, est positionner ATN comme une agence IT de référence, pour aller au-delà de la simple prestation, afin qu’elle soit perçue comme un acteur logistique de ressources et de savoirs pour nos clients, en apportant des éléments de références à ces entreprises qui n’ont pas la structure interne et à qui nous proposons, la veille sur ces technologies innovantes, leur retranscription et leur adaptation avec des solutions souvent pilotes. L’objectif étant de leur permettre de se développer en intégrant ces nouvelles technologies.
Aujourd’hui, nos équipes travaillent sur les opportunités que les intelligences artificielles peuvent offrir aux entreprises.

L’emploi des jeunes n’est pas au beau fixe, et paradoxalement, il s’avère aujourd’hui de plus en plus complexe de recruter et face à ce constat qui semble être unanimement partagé par les entreprises, quelle stratégie avez-vous mis en place pour recruter ?

Notre positionnement IT et les marchés émergents sur lesquels nous évoluons nous permettent de rester attractif pour ces nouvelles générations qui se projettent plus facilement dans les domaines IT.

Malgré cela, nous constatons, comme la plupart des entreprises de taille intermédiaire très spécialisée, une baisse de l’assiduité des jeunes alternants ou diplômés, qui viennent se former à ces technologies au contact de nos équipes spécialisées, mais qui ne poursuivent pas toujours leur parcours dans l’entreprise, et en fin de contrat, rejoignent fréquemment des sociétés plus importantes.

A contrario, nous cultivons une forme de singularité grâce à notre écosystème et les interactions que nous entretenons avec les plus gros acteurs du marché tels que Microsoft, Dell, HP, Lenovo, Asgard, …, etc. Ce contexte spécifique nous épargne les départs prématurés de jeunes actifs, qui semblent impactent de nombreuses autres entreprises.

Notre politique RH a toujours été de miser sur les jeunes, la moyenne d’âge de nos équipes est inférieure à 30 ans.  Nous avons la chance à Grenoble d’avoir un IUT, en phase avec notre activité et qui préparent des étudiants à bac +3, avec un niveau de compétence qui se démarque des autres établissements pédagogiques. Nous avons pris l’habitude d’accueillir des stagiaires et des alternants qui en général nous donnent satisfaction.

La période complexe, que nous avons traversé, a particulièrement modifié la relation travail d’une partie de la société, cela présage-t-il qu’il faille engager un changement de gouvernance des grandes entreprises ?

À l’instar de la grande démission que connaissent les États-Unis, on constate dans notre pays un vrai désarroi des nouvelles générations et leur rapport avec la valeur travail. Ces nouveaux comportements professionnels, s’ils se confirment sur la durée, nécessiteront que les entreprises adaptent leur management.

Chez ATN, nous sommes une fois encore épargnés, peut-être par la nature même de nos activités et le dynamisme de nos équipes.

Quel est votre sentiment sur le rôle que doit occuper la fonction de middle manager dans le développement et la performance des entreprises ?

Pour favoriser le développement de l’entreprise et répondre aux attentes de nos marchés, nous avons entrepris de mettre en place des managers intermédiaires ; non pas des chefs de service chargés de contrôler l’activité, mais des animateurs référents, reconnus pour leurs savoirs, jouant le rôle de facilitateurs pour favoriser l’autonomie des équipes, leur permettre de se révéler et de s’épanouir professionnellement.

Aujourd’hui le fonctionnement en réseau est essentiel au développement de la notoriété des entreprises, pour faciliter la mise en relation et les échanges entre Dirigeants et Managers, apporter des réponses aux problèmes auxquelles elles sont confrontées. Qu’attendez-vous de votre adhésion au Club entreprises ?

Depuis deux ans et demi, nous nous sommes associés de RESADIA, un réseau de prestataires informatiques et d’opérateurs Cloud & Télécom qui compte une trentaine d’entreprises et près de 2000 experts avec lesquels nous échangeons et un nombre considérable de clients. Cet engagement réseau nous permet de poursuivre le développement de nos expertises, de répondre à des marchés nationaux, mais également de bénéficier de la force d’un groupement d’achats et bien sûr d’échanger avec nos pairs.

Historiquement, dans notre pays, et contrairement à ce que j’ai pu connaitre chez nos voisins suisses, on a toujours entretenu une dichotomie entre les universités et les entreprises, chacun centré sur son environnement et ignorant superbement l’autre.

Je trouve que l’initiative du Club entreprises d’œuvrer à les rapprocher, ne peut qu’être qu’un pari gagnant, chaque partie pouvant apporter à l’autre pour créer de la valeur.

C’est dans cet objectif que j’ai souhaité rejoindre le Club et m’engager plus encore aux côtés des IUT de Grenoble.

Richard Compte